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Title Cappadocia

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La Géomorphologie de Cappadoce


L'Activités volcanique | Effets d'Erosion

DESCRIPTION GÉNÉRALE
par Ugo ANDOLFATO & Franco ZUCCHI

Presque au centre de l'Anatolie qui, des côtes de la Mer Egée à la Mer Noire et jusqu'aux contreforts du Taurus au Sud, constitue un plateau compact d'environ mille mètres d'altitude, est située la région appelée par les Assyriens Katpatuka dénommée, à l'époque classique, Cappadoce. Malgré la fluctuation de ses frontières au cours des siècles, elle a maintenu constamment son centre vital dans la zone méridionale du plateau. Dans la variété des phénomènes géomorphologiques, ce vaste territoire tire son homogénéité d'une manifestation primitive orogénique qui lui a conféré, tout au cours des millénaires, des limites géographiques bien définies. Cette région, délimitée au Sud et à l'Est par des ensembles volcaniques compris entre l'Erciyes Daðý (Mont Argée, 3916 m.) et l'Hasan Daðý (3253 m.), s'étend, au Nord, par une série de vallées profondément creusées, inclinées vers le cours moyen du Kýzýlýrmak (fleuve rouge), et à l'Ouest par la dépression du Tuz Gölü (Lac Salé).

Le caractère dominant du paysage est constitué par la grande variété des formes que l'on rencontre sur les pentes enneigées des volcans, dans les profondes vallées encaissées du plateau, dans les formes naturelles émergeant soudain des étendues vallonées. Cette région constitue un exemple évident de volcanisme récent, avec des structures géologiques parfaitement conservées aussi bien dans les ensembles principaux que dans toute la gamme des cratères secondaires et des dépôts éruptifs environnants.

Le bouleversement volcanique primitif et l'érosion continue des éléments atmosphériques ont provoqué la formation d'un réseau dense et complexe de vallées effondrées, de vallons, de vaux abrupts et ramifiés comportant des formations érosives de détail fort suggestives: cavités, anfractuosités, donjons, clochetons isolés. Les facteurs climatiques ont engendré des contrastes de couleurs qui rendent plus impressionnante la plasticité du paysage; les processus d'oxydation différenciée des divers types de roches apportent une grande variété au milieu ambiant comme en témoignent la rudesse crue et violacée des andésites, les douces pentes ocrées, les blancs versants de tuf dans les vallées, les molles déclivités de cendres grises et jusqu'aux noirs piliers basaltiques qui se dressent parfois pour témoigner des manifestations paroxystiques successives.

Si le relief montagneux contribue à fournir à la Turquie une variété notable, celle-ci est encore plus accentuée par les différences climatiques. Chaque région présente un climat particulier; mais on peut toutefois regrouper ceux-ci dans différents types: climat tempéré dans la zone pontique; climat méditerranéen dans la zone égéenne et la côte méridionale; climat continental et sub-désertique à l'intérieur et climat de montagne en Turquie orientale. Le territoire cappadocien, en position centrale par rapport au plateau, présente dans son ensemble un climat continental et sub-désertique, avec des variations locales selon l'importance plus ou moins grande du relief montagneux. Au climat subdésertique dans la dépression du Lac Salé succède le climat continental du plateau compris entre le fleuve Kýzýlýrmak, le Lac Salé et la chaîne des reliefs volcaniques.

Les chutes de neige sont les plus abondantes durant les mois de décembre, janvier et février, alors que les précipitations pluvieuses maximales ont lieu de mars à mai avec des maximums durant ce dernier mois. Le minimum de précipitation se rencontre au contraire au mois de juillet, août et septembre. Les données concernant l'humidité relative sont en rapport avec les précipitations elles-mêmes, avec des maximums durant les mois d'hiver et des minimums durant les mois d'été. En outre les courbes de températures mensuelles sont les plus élevées durant les mois de mai, juin, juillet, août et septembre, avec de notables écarts diurnes de température.

La végétation est étroitement liée aux différenciations climatiques et aux facteurs pédologiques. Dans la région du Lac Salé, elle est presque inexistante et de type désertique, alors que sur les plateaux elle a un caractère steppique avec des arbres rares à tronc bas. Les reliefs d'origine volcanique sont généralement dépourvus de végétation, alors que les reliefs granitiques ou calcaires accueillent de rares forêts de conifères. Les dépôts de tuf enfin favorisent la culture de la vigne le long des pentes et dans les cuvettes des vallées.

Le réseau hydrographique peut être regroupé en trois grands bassins fluviaux: au Nord, le bassin du Kýzýlýrmak, au sud-ouest, celui du Melendiz Suyu et au sud-est, celui du Mavrucan. La partie cappadocienne du bassin hydrographique du Kýzýlýrmak est drainée sur le versant droit par un nombre limité de cours d'eau à caractère torrentiel dont les plus importants se concentrent dans le secteur compris entre Kýrþehir, Mucur et Hacýbektaþ. Le versant orographique gauche au contraire, à cause des caractères lithographiques et structuraux plus favorables, permet un drainage beaucoup plus intense. Nombreux sont les affluents, dont les plus importants sont: le Çirdikinözü Dere, provenant du Kara Daðý; l'Acýsu Çayý, provenant du massif de l'Erdas Daðý près de Nevþehir; le Damsa Çay, passant par Ürgüp, qui draine le réseau de l'Avla Daðý et enfin le Karasu, au débit abondant qui achemine les eaux des versants septentrionaux de l'Erciyes Daðý.

Le bassin d'alimentation du Melendiz Suyu reçoit les eaux des versants septentrionaux des massifs de l'Hasan Daðý et du Melendiz Daðlarý et occupe une aire d'environ 2 000 kM2 . Les eaux du fleuve vont ensuite irriguer abondamment la plaine du Lac Salé. Le bassin hydrographique du Mavrucan Çay, près de Yeþilhisar, achemine les eaux des versants méridionaux de l'Avla Daðý et du Kara Daðý.

Les affluents de ces trois bassins présentent un caractère essentiellement torrentiel, dont le débit est lié à l'oscillation saisonnière des précipitations. De par leur nature et en rapport avec les aspects lithiques des dépôts éruptifs dominants, l'activité d'érosion et de charriage est très intense et se manifeste par la formation de réseaux à structure dentelée et par une tendance à l'abaissement progressif du niveau de base.

ASPECTS MORPHOLOGIQUES

Si l'on veut schématiser les caractères morphologiques du territoire, on peut reconnaître quelques secteurs fondamentaux dont quelques-uns peuvent être divisés, à leur tour, en unités mineures.

Secteur des dorsales

Aux frontières nord-occidentales du territoire émergent du plateau, avec une forme arrondie et allongée, quelques dorsales dont l'axe est orienté N.0-S.E. Il s'agit de roches cristallines anciennes, qui, soumises à un long processus d'érosion, présentent une morphologie arrondie, avec des pentes douces et des dégradés uniformes. L'altitude moyenne de ces reliefs varie de 1500 à 1700 m.

Secteur des lacs et des plaines (1)

La dépression du Lac Salé, à 900 m. d'altitude, représente le principal bassin fermé de l'Anatolie centrale. Le lac et la plaine occupent une aire très vaste qui s'étend de Paþa Daðý, vers le sud-est, en passant par Aksaray, jusqu'au massif du Melendiz Daðlarý. Le talus qui entoure le lac le sépare également des plateaux ondulés de la région. A l'ouest d'Aksaray, la plaine d'alluvions, constituée en grande partie par des apports terrigènes et sableux, s'abaisse de 980 m. à 900 m. jusqu'au lac lui-même, sur une longueur de 40 km.

Secteurs des reliefs volcaniques principaux (2)

Le secteur sud-oriental du territoire est constellé par un chapelet de cônes volcaniques qui s'étend sur plus de 250 km., suivant une direction N.E.-S.O., avec cinq reliefs principaux. L'Erciyes Daðý qui s'élève de 3 000 m. au-dessus de la dépression entourant Kayseri, est un grand volcan polygénique complexe, avec des flancs concaves, recouverts de vastes coulées de lave. Le Develi Daðý, au Sud de l'Erciyes Daðý, est formé par un ensemble de cônes éruptifs; il culmine à quelque 2 000 m. et présente d'épaisses couches de revêtements basaltique. Le Melendiz Daðlarý, à 100 km. au sud-ouest de l'Erciyes Daðý, est constitué par un ensemble de cônes d'andésites et de roches pyroclastiques fortement altérés par des émissions hydrothermales. Il est en outre recouvert par un système radial de coulées basaltiques provenant d'un groupe de cratères secondaires. Son altitude varie de 2 500 à 3 000 m. Le Keçiboydoran Daðý, de dimensions plus réduites mais de constitution semblable, apparaît comme le prolongement occidental du Melendiz. L'Hasan Daðý, à l'extrémité occidentale, dresse sa masse conique jusqu'à 3 253 m. et termine le chapelet des reliefs volcaniques principaux par de nombreux cônes secondaires.

Secteur de l'ancien plateau (3)

A l'est du bassin du Lac Salé, jusqu'à la vallée du Kýzýlýrmak, s'étend un vaste territoire de plateaux sur plus de 200 km., aux altitudes comprises entre 1000 et 1 500 m. L'immense converture des dépôts tufiers qui, avec de légères ondulations, constituaient l'aspect tabulaire dominant du milieu, représentait la phase d'équilibre de dépôts de l'ancien plateau. A la suite de phénomènes de stabilisation structurale une portion du territoire prit une inclinaison différente vers la vallée du Kýzýlýrmak, pendant que des manifestations volcaniques secondaires apparaissaient dans le secteur d'Acýgöl. Alors commença l'ensemble des processus d'érosion par les agents atmosphériques qui conduira à l'actuelle différenciation morphologique. Dans les lignes essentielles et les plus significatives on peut distinguer quelques zones aux caractéristiques géomorphologiques communes:

Zones principales de vallées de drainage (3'')

Les agents essentiels du continuel modelage de l'ancien plateau sont localisés le long des axes principaux de l'hydrographie. La vallée du Kýzýlýrmak est celle qui présente la gamme la plus vaste des différents aspects morphologiques: on peut y observer tout le processus de la dynamique de l'érosion, depuis ses phases initiales constituées par les vallées étroites et profondes (cf. Zelve, Göreme, etc.) jusqu'aux amples vallées ouvertes et étagées où subsistent des témoins caractéristiques comme le sont ces clochetons isolés, appelés peribacalarý.

 

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Fig. 13 Coupe transversale de la région
  1. Zone de désagrégation prédominante
  2. Zone d'érosion moyenne
    (désagrégation, ruissellement)
  3. Zone d'érosion maximale
    (désagrégation, ruissellement et transport)
  4. Zone de désagrégation prédominante
  1. District des lacs et des plaines
  2. District des reliefs volcaniques principaux
  3. District du plateau ancien
    3'   secteur résiduel (témoin de l'ancienne surface)
    3''  secteur valloné de drainage principal
    3'''  secteur des reliefs volcaniques secondaires
    3'''' secteur valloné secondaire
  4. District des reliefs non-volcaniques

 

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Fig. 2 Carte des régions géologiques de la Cappadoce
Legend 1District des reliefs non-volcaniques Legend 4District de l'ancien plateau
Legend 2District des reliefs volcaniques Legend 5Secteur valloné de drainage principal
Legend 3District des lacs et des plaines
 

Zones résiduelles de l'ancien plateau (3')

Dans la partie médiane du plateau, à l'intérieur du périmètre non encore entamé par l'action érosive des torrents qui convergent vers les principaux axes hydrographiques, on note quelques éminences à caractère tabulaire; ce sont des témoins du niveau atteint par les produits pyroclastiques.

Zones des reliefs volcaniques secondaires (3''')

L'alignement des cônes volcaniques mineurs compris entre Incesu, Nevþehir et Ortaköy, correspond à la ligne de partage des eaux entre les bassins hydrographiques du Kýzýlýrmak et du Melendiz Suyu. Il s'agit de reliefs d'une hauteur limitée, fortement érodés, qui en quelques points peuvent être facilement confondus avec les éminences résiduelles de l'ancien plateau.

Zones des vallées secondaires (3'''')

Parmi les éminences résiduelles de l'ancien plateau et des reliefs volcaniques secondaires se situent, à des altitudes élevées, quelques vallées peu marquées, indépendantes du réseau hydrographique principal. Il s'agit, en général, de petits bassins alimentés en circuit fermé d'aspect raviné, qui occupent généralement une cuvette (cf. Derinkuyu).

Source:
Arts of Cappadocia
ed. Nagel

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